Cet ouvrage examine une image souvent associée à l’Espagne du temps des Habsbourg et liée à la « légende noire » anti-hispanique qui se déploie dès le xvie siècle, celle d’une Espagne contrainte au silence, où toute dissidence était combattue et châtiée, au point de nuire à l’évolution de la pensée.
Une première partie montre l’importance de la réflexion sur le silence dans la pensée espagnole et s’intéresse à ses représentations dans les arts et la littérature, mettant en valeur les nuances du discours sur le silence et des appréciations dont il est l’objet.
Une seconde partie analyse la portée des injonctions diverses mises en œuvre pour imposer le silence, dont la censure des écrits et de la parole mais, comme le montre la troisième partie, intitulée « jouer du silence », cette volonté d’étouffement a pu être parfois déjouée, produisant même des effets inattendus, puisqu’elle a stimulé la créativité et donné lieu à des stratégies de récupération du silence permettant d’insinuer sans dire ou de révéler par l’affectation d’une discrétion forcée.
Enfin, la dernière partie de l’ouvrage pose la question essentielle : au-delà de cette rhétorique de contournement, était-il possible de rompre le silence dans l’Espagne des Habsbourg ? On y verra une évolution vers l’éclosion et l’élargissement d’un espace de critique, qui deviendra au cours du règne des Habsbourg un espace public offrant des voies de plus en plus larges à la transgression.